Écouter sur : Spotify | Apple Podcasts | Deezer | Google Podcasts | Amazon Music
Il y a quelques semaines, à l’occasion des 500 Miles d’Indianapolis, je vous avais réalisé une petite vidéo expliquant ce qui se passait en IndyCar s’il venait à pleuvoir lors d’une course sur ovale, et aussi un peu pourquoi on ne roule pas sous la pluie.
Eh bien aujourd’hui, je viens m’excuser, car ce que je vous ai dit n’était pas exact. Non, on n’arrête pas une course d’IndyCar quand il pleut sur un ovale, parfois même on la relance, comme on a pu le voir au New Hampshire en 2011 ! Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire des deux doigts les plus célèbres de l’histoire du sport automobile, alors en route !
2011 était une année assez particulière pour l’IndyCar, la première saison complète du patron Randy Bernard, qui est arrivé à la tête du championnat en mars 2010. Ayant précédemment été le patron de la ligue de rodéo, la faisant passer de sport local à phénomène national, Bernard avait la même vision pour l’IndyCar. Et du coup, cela passait par quelques idées parfois radicales, mais qui avaient pour seul but de faire bouger les lignes.
A commencer par le calendrier ! Si le nombre de dates était le même qu’en 2010, certaines pistes en ont remplacé d’autres, avec la première édition de la course dans les rues de Baltimore, et le retour de trois pistes ovales qui avaient accueilli l’IndyCar par le passé, à savoir le Milwaukee Mile, le New Hampshire Motor Speedway, et Las Vegas. On sait très bien malheureusement comment s’est terminé le dernier retour, mais on en reparlera à d’autres occasions…
L’épreuve au New Hampshire montrait la volonté de l’IndyCar de tenter de conquérir de nouveaux marchés, dans ce cas précis la Nouvelle-Angleterre, et donc le nord-est des États-Unis. Le circuit de Loudon dans le New Hampshire avait déjà accueilli à plusieurs reprises les championnats de monoplace américains, mais dans l’indifférence générale lors des dernières éditions. Retenter de faire venir un public qui n’est pas intéressé par l’IndyCar 13 ans après la dernière épreuve organisée semblait difficile.
2011 était aussi la dernière année d’un package châssis/moteur qui a fait ses débuts en 2003, et forcément, toutes les personnes qui avaient un châssis dans leur garage ont décidé d’engager une voiture, nous amenant à une grille de 27 pilotes pour cette épreuve du New Hampshire, qui va débuter sous des nuages menaçants. Après, si vous êtes des habitués de la NASCAR, vous savez que c’est très souvent le cas là-bas !
2011 était également la première année où les relances en double-files ont été implémentées en IndyCar, et vous verrez que ça aura son importance plus tard dans la vidéo. Mais pour l’instant, peu importe, concentrons-nous sur le départ, avec en première ligne Dario Franchitti, champion en titre et Oriol Servia !
Il n’aura donc pas fallu longtemps pour perdre deux voitures dans cette épreuve, avec l’accrochage entre Mike Conway et Graham Rahal. La piste était assez fraîche, et avec les turbulences créées par toutes ces voitures, la sortie du virage numéro 2 n’était pas un endroit facile ! Comme le prouve Helio Castroneves pile sur la relance suivante…
La troisième tentative sera la bonne, et on pourra donc commencer à voir quelles sont les forces en présence, à commencer par Dario Franchitti. Triple champion IndyCar et vainqueur des deux derniers titres, l’Écossais lutte pour la couronne 2011 face à Will Power, plutôt englué en fond de peloton aujourd’hui. Oriol Servia est toujours deuxième devant… Tomas Scheckter ?
Oui merci, j’ai extrêmement bien joué la surprise ici, mais il faut savoir que Tomas Scheckter s’est élancé depuis la 18e position sur la grille de départ ! Mais si vous surveillez bien l’extérieur sur les deux restarts que je vous remontre ici, vous verrez que le pilote sud-africain, fils du champion du monde 1979 de Formule 1, va tout simplement enrhumer le peloton et dépasser à peu près tout le monde ! On reverra Scheckter par la suite, mais il va logiquement commencer à reculer dans la hiérarchie dans le premier relais.
Au 75e tour, alors que nous sommes dans les premiers arrêts au stand, la course est neutralisée à cause de la pluie. La neutralisation a duré plus de 30 tours, mais aucun drapeau rouge n’était déployé, on a simplement fait des tours sous drapeau jaune jusqu’à ce que la piste soit assez praticable. Et les pilotes le disaient tous à la radio, on pouvait repartir plus tôt que cela. Vous verrez en fin de course que l’IndyCar a pris cela au pied de la lettre…
Dario Franchitti reste pendant ce temps aux avant-postes devant cette fois Takuma Sato, qui semble être le pilote le plus en mesure de lui contester le leadership. Mais au 110e tour… Tomas Scheckter s’accroche avec Marco Andretti et surtout Tony Kanaan, qui termine sur le toit après avoir tapé le mur de pneus. Ne me lancez même pas sur la stupidité d’avoir des murs de pneus sur un ovale, je n’ai pas envie de vous faire une vidéo de 45 minutes !
Comme je vous le disais tout à l’heure, en 2011 les restarts s’effectuaient sur deux files en IndyCar, une décision qui n’a pas influé sur la course pour l’instant ! Oh, comme cela va changer…
Le leader Dario Franchitti termine donc dans le mur, et la course s’en retrouve totalement relancée ! S’il n’a pas manqué de blâmer Takuma Sato pour l’accrochage, on ne peut pas nier le fait qu’il semble bouger vers l’intérieur dans la ligne droite… C’est du coup Ryan Hunter-Reay, qui sera champion IndyCar l’année suivante, qui prend les commandes de la course, et il les conservera au moins jusqu’à 60 tours de l’arrivée, lorsqu’il fera son dernier arrêt, sous un ciel toujours aussi menaçant.
Une fois tous les arrêts effectués, Hunter-Reay continue de dominer avec Oriol Servia en deuxième position, et à 20 tours de l’arrivée, la pluie fait son retour, forçant la course à être neutralisée une nouvelle fois. Et si la première fois on avait longuement roulé sous drapeau jaune, l’IndyCar adopte une approche différente ce coup-ci. Présents autour du circuit, les observateurs, dépêchés par le championnat pour indiquer si la piste est humide ou non, expliquent très vite que l’on peut repartir.
Les pilotes, eux, ne sont pas de cet avis. Mais quand on t’indique que la course va être relancée… Tu te prépares ! Les images montrent Michael Andretti, patron de l’équipe éponyme, mais aussi Tim Cindric, président du Team Penske, incrédules face à la décision du directeur de course de repartir. Mais la course est bien relancée à huit tours de l’arrivée…
Danica Patrick est la première à partir en tête-à-queue, suivie notamment par Takuma Sato, Ed Carpenter, et Will Power, deuxième du championnat et qui comptait bien réaliser un coup suite à l’abandon de son rival Dario Franchitti ! Le pilote australien est absolument furieux, et il va alors montrer ce qu’il pense de manière très claire à Brian Barnhart, directeur de course, en lui adressant deux majeurs tendus devenus bien célèbres !
Michael Andretti également est en colère. Car s’il perd une voiture dans l’accident, celle de Danica Patrick, son autre pilote Ryan Hunter-Reay a été dépassé par Oriol Servia avant l’apparition du drapeau jaune ! Mais le règlement de l’IndyCar conférent la toute puissance à son directeur de course, ce dernier décide d’annuler le restart et de reprendre le classement avant la relance, donnant de nouveau la tête de la course à Hunter-Reay, et permettant à Will Power de remonter à la 5e place, si la course ne repartait pas.
Et heureusement pour lui, la course ne repart effectivement pas, Hunter-Reay s’impose devant Servia et Dixon. Mais ce qui fait parler, ce sont évidemment les décisions de la direction de course. Will Power a reçu une amende de 30 000 $ pour ses gestes obscènes, mais celui qui en a le plus pâti est incontestablement Brian Barnhart, le directeur de course.
Présent depuis la création de l’Indy Racing League en 1996 dans diverses fonctions, Barnhart sera démis de son poste de directeur de course fin novembre, après une saison marquée par diverses controverses en piste. Aujourd’hui, il est directeur général de l’équipe d’IndyCar de McLaren, et stratège de la voiture numéro 7 d’Alexander Rossi. Will Power quant à lui pilote toujours la voiture numéro 12 du Team Penske, auréolé désormais de deux titres de champion IndyCar et d’une victoire aux 500 Miles d’Indianapolis, en 2018.